Entre la guerre civile dans les deux régions anglophones du Cameroun et la menace terroriste de Boko Haram dans l’Extrême-Nord, la propagande du régime de Paul Biya autour de « la paix et la stabilité », fragile mais réelle pendant des années, vole en éclats. Pour se maintenir, le régime avait mis en place une dérégulation morale, sociale et économique. Fondée sur la redistribution clientéliste et le contrôle des élites politiques, cet ethos de la manducation s’est nourri d’un immobilisme ontologique. C’est l’État stationnaire dont ce dossier se saisit. Les nouvelles figures composites de l’opposition ont cependant mis à profit les réseaux sociaux et les projecteurs médiatiques braqués sur le pays. Se dessinent trois avenirs possibles : l’implosion, le maintien du statu quo ou la renaissance. Les articles de ce dossier attestent tous d’une gouvernance centripète de la régulation des arènes politiques et de l’action publique. Le Cameroun entre néanmoins dans une ère pleine d’incertitudes et riche de leçons politiques.