Après de longues années de conflits et de débats intenses, la Suisse semble estimer qu'elle a trouvé une réponse valide et scientifiquement prouvée au problème de la toxicomanie. La politique de la drogue helvétique se fonde aujourd'hui sur le modèle des quatre piliers, qui met l'accent autant sur la prévention primaire, sur la répression du trafic de drogues, sur les thérapies et les sevrages, que sur la réduction des risques associés à la consommation. Les résultats de trois récentes votations nationales témoignent de la légitimité dont jouit cette politique qui refuse les solutions extrémistes, et mise plutôt sur un équilibre pragmatique entre la lutte contre l'abus de stupéfiants et l'encadrement social et médical de toxicomanes qui ne sont pas prêts à abandonner la consommation de psychotropes illégaux.
Avec un outillage conceptuel emprunté à l'analyse des politiques publiques, cet ouvrage examine en profondeur le processus de construction de la politique actuelle de la drogue en Suisse. L'auteur analyse les luttes liées à la mise en oeuvre de services de réduction des risques dans huit villes suisses, et met en évidence les conflits d'idées et de pouvoir qui tendent aujourd'hui à être minimisés par les éloges du pragmatisme et de la scientificité qui caractérisent la voie en matière de politique de la drogue.