Un humoriste qui multiplie les mauvaises blagues sur la Shoah ; des activistes qui le soutiennent en invoquant le passé esclavagiste ; des candidats à la présidentielle qui tiennent à faire connaître leur jugement sur l'histoire coloniale de la France ; des ministres et des éditorialistes qui appellent à retrouver un âge d'or républicain ; des musulmans qui se comparent aux juifs de l'entre-deux guerres pour alerter sur leur oppression, et se le voient reprocher ; des statues de Colbert déboulonnées, dégradées ou simplement contestées ; des gouvernants qui réhabilitent Napoléon, Pétain ou Maurras... Il faut se rendre à l'évidence : le passé n'en finit pas de ne pas passer - et il n'en finit pas de cliver.
C'est à ces « guerres des mémoires » qu'est consacré ce livre. Contre les rappels à l'ordre qui délégitiment tout dissensus, tout écart par rapport au « récit national », il s'agit ici de déboulonner des « grands hommes » et des « gros mots », et de penser non pas contre, ni sur, mais avec les mémoires « illégitimes » ; celles des divers groupes opprimés. Et de renouer ainsi avec le fondement de toute politique d'émancipation : le principe d'égalité.