L'exil est devenu un thème à la mode. Pourtant, l'étude des activités politiques menées par des émigrés contre le régime en place dans leur pays d'origine est rarement entreprise. C'est l'objet central de ce livre à partir du cas des Hongrois, des Polonais et des Tchécoslovaques en France de 1945 aux années 1990.
Cette politique d'exil s'inscrit dans un espace politique transétatique fonctionnant en dehors du pays d'origine. Cet espace, qui est à la fois un champ de luttes et un champ de forces, rassemble des individus et des groupes s'affrontant pour la représentation à l'étranger de leur peuple ou de leur nation. L'auteur propose un nouveau concept pour désigner cette arène politique si particulière : l'exopolitie.
L'exopolitie obéit à deux logiques contradictoires que tentent de concilier les groupements exilés : la continuité et le décalage. La première est un impératif politique pour légitimer la lutte à distance. La seconde est un impératif de réalité leur rappelant que le pays continue d'exister sans eux. Mais la mise entre parenthèses du temps et de l'espace ne va pas sans risque, y compris quand le retour au pays devient possible.
Envisagé comme un objet de recherche inédit, l'exopolitie permet de repenser certains thèmes fondamentaux de la sociologie politique : la politisation, la légitimation, la formation des identités et des règles du jeu politique.