La destruction des Tutsi du Rwanda en 1994 est trop souvent
présentée comme le résultat d'une «colère populaire spontanée» dans
un contexte de «fatalité tribale» en Afrique. Cet ouvrage démontre
l'inanité de ces clichés. Le troisième génocide du XXe siècle fut le résultat
d'une machine de propagande, de désinformation et de subversion
des masses hors du commun. Les intellectuels et les hauts gradés
rwandais qui conçurent et organisèrent en cent jours l'extermination
d'environ un million de Tutsi et de Hutu démocrates utilisant sciemment
les méthodes de la propagande nazie.
Jean-François Dupaquier dissèque ce compte à rebours vers
le crime des crimes. L'auteur s'appuie sur des sources jusqu'ici
inconnues pour montrer comment le régime du président Juvénal
Habyarimana obtint le consentement préalable de l'Elysée à la possibilité
de génocide, puis la préconisation depuis Paris d'un «front
racial» contre la rébellion du FPR. Les agents de la Direction du
renseignement militaire (DRM) furent-ils dupes de la propagande de
leurs homologue rwandais qui présentait les Tutsi comme une «race»
à éliminer «dans l'intérêt de la France», où bien y trouvaient-ils
«un os à ronger», selon l'expression du patron de la DGSE ?
François Mitterrand, obsédé depuis toujours par un «complot anglosaxon»
contre la francophonie, apparaît, avec ses courtisans, comme
le premier responsable de ce naufrage.
L'auteur met aussi en lumière le jeu d'hommes de l'ombre, politiques,
militaires et mercenaires, qui n'hésitèrent pas à manipuler le juge
Jean-Louis Bruguière pour dissimuler leur responsabilité dans le génocide.
Au terme d'une longue investigation, Jean-François Dupaquier
apporte de nombreuses révélations sur une des plus impressionnantes
séries d'opérations de désinformation du XXe siècle...