«J'ai retrouvé sa maison, ses documents, j'ai projeté un apocryphe de ses
lignes vides à partir de ce cahier original conservé à UCLA, un Journal
quasi vierge que je réécris aujourd'hui de mémoire, les yeux clos et le
poignet ferme. J'étais orientée par ses références insulaires, l'inceste, le sentiment
de perte et l'opium que renferme son écriture.
Possédée par ses témoignages. Nous vivions à des époques différentes, mais
nous avons fini par nous retrouver à La Havane.»
Wendy Guerra
Wendy Guerra a toujours été fascinée par Anaïs Nin. Deux femmes de
générations distantes, et pourtant, entre elles, des similitudes troublantes :
comme Anaïs Nin, Wendy Guerra tient un Journal depuis l'enfance dans
lequel elle enferme sa vie quotidienne, forme littéraire qu'elle a par
ailleurs utilisée dans son premier roman Tout le monde s'en va.
Nous sommes en 1922. Anaïs Nin part à Cuba sur les traces d'un père
absent et fantasmé, à la découverte de la famille paternelle. Dans son
Journal, peu d'allusions à cette période. De sa plume riche en images
saisissantes, Wendy Guerra imagine alors ce qu'Anaïs a pu ressentir en
arrivant sur l'île et superpose ses pensées apocryphes aux confessions réelles
de la jeune Anaïs Nin, restituant ainsi la voix d'une âme à la recherche
de son identité : «Je veux commencer à me constituer une Cuba personnelle.
Irrévocablement mienne.»