Manuelle Peloille
Positionnement politique en temps de crise
Sur la réception du fascisme Italien en Espagne 1922-1929
Qu'est-ce que s'orienter en temps de crise ? La question se posait à la sortie de la Première Guerre mondiale, qui déboucha sur des révolutions couronnées par la prise de pouvoir en Russie, étouffées par une réaction violente en Allemagne, en Espagne, en Italie. Dans ce dernier pays naquit un phénomène particulier, le fascisme, comme sortie de crise et réponse aux aspirations socialistes. À ce titre, il fut observé de près par tous les courants de l'opinion européenne. À travers le cas espagnol et l'étude de la réception du fascisme italien à la fin de la période de la Restauration (1876-1923) et notamment sous la dictature du général Primo de Rivera ( 1923-1930), on peut tirer des enseignements quant aux motivations de l'orientation politique des divers courants de l'opinion éclairée.
Privée de ses derniers restes d'empire colonial en 1898, et à la faveur des capitaux rapatriés de Cuba, l'Espagne tente à la veille de la Grande Guerre de se hisser dans la cour des puissances capitalistes à une époque de concurrence effrénée due à la fermeture de marchés. Comme l'Allemagne, comme l'Italie, exclues de la conquête des colonies, elle réclame un repartage des zones d'influence mondiales. Le système libéral de la Restauration sous lequel elle se trouve offre au peuple moins de garanties politiques et de bénéfices que d'atteintes à ses droits, ce qui le discrédite au même titre que la corruption du système électoral.
À pratiquement un siècle de distance, comment ramener autant que faire se peut le regard de l'historien et de l'observateur à la hauteur des événements qui ont suivi la Première Guerre mondiale ?