Ça devient tout petit un père quand c'est mort. Comme
un bébé avec une barbe. C'en est presque mignon, et je
n'ai jamais trouvé mon père mignon de son vivant, je ne
l'ai jamais trouvé mignon avant de le voir mort.
Il était là étendu dans son lit, sous la couette, un petit
sourire, un sourire nouveau que je ne lui connaissais pas,
mais qui lui correspondait bien. Un petit sourire tendre
et malicieux, et tranquille. Un petit sourire triste et gentil,
qui disait bonjour à la mort. Un petit sourire haineux
et méprisant qui grinçait un au revoir horrifié. Un petit
sourire totalement inédit, qui s'était invité à l'occasion
de sa mort, qui s'était inventé, engendré, et qui était tout
lui, et que personne n'avait jamais vu.