Postcolonialiser la haute culture à l'École de la République
La Haute Culture, c'est la culture symbolique héritée de la littérature française qui est transmise par l'École républicaine, sous forme de citations et de clichés de la Morale.
L'exemple par excellence de l'inscription de la Haute Culture dans le dressage scolaire est la récitation et les fables de La Fontaine, lieu incontournable de l'apprentissage institutionnel de la Morale conventionnelle.
Ce livre observe les pratiques actives de réinterprétation des références classiques qui servent à initier les générations successives d'enfants nés des immigrations maghrébine et sub-saharienne à la lecture et à l'écriture a l'École primaire et secondaire. Ces jeunes Sujets en situation postcoloniale dans la France contemporaine, parasitent subtilement, et modifient irrémédiablement, la culture de la Nation.
Constamment présentes dans les littératures postcoloniales à travers l'expérience scolaire, langue normée et Haute Culture font l'objet de manipulations diverses, que ce soit dans les romans « beurs » d'Azouz Begag et Zaïr Kédadouche, le roman afro-français de Calixthe Beyala, Le petit prince de Belleville, ou dans le film plein d'ironies de Merzak Allouache, Salut cousin !
En fin de compte, c'est la « langue de l'Autre » qui « postcolonise » métaphoriquement la langue française (elle se l'approprie) et « postcolonialise » la Haute Culture (elle la transforme en mentalité postcoloniale).
A l'heure où certaines réformes de l'Éducation nationale peuvent sembler anachroniques, ce livre tente d'apporter quelques éléments de réflexion.