Une politique universitaire moderne, fût-elle de gauche, ne peut être établie sur des bases démagogiques. C'est la position que défend, depuis sa création en 1982, l'Association pour la qualité de la science française.
La loi de 1984 comporte deux faiblesses principales. D'une part, elle ne permet pas d'instituer un «gouvernement» des universités qui soit responsable, en portant à leur tête des présidents qui aient pour mission d'améliorer la qualité de l'enseignement et de la recherche, bref de mieux placer leur université dans la concurrence qui s'établira inévitablement - et qui existe déjà - entre les universités. D'autre part, en refusant la sélection-orientation à l'entrée de l'université, elle conduit à une situation paradoxale, unique au monde : les meilleurs étudiants fuient les premiers cycles universitaires et vont s'inscrire dans des formations techniques courtes, tandis que les universités accueillent dans des formations longues et à orientation théorique ceux qui n'ont été acceptés nulle part ailleurs et qui y subissent des taux d'échec très élevés.
Pour sortir de cette situation, il faudra des solutions courageuses, et d'abord diversifier les premiers cycles en créant des collèges d'enseignement supérieur de proximité et en réservant, avec les passerelles nécessaires, les formations universitaires à des étudiants sélectionnés et orientés au préalable.
Ces mesures nécessiteront une réforme de la loi Savary de 1984. Mais une telle réforme doit être précédée d'un large débat national, et en aucun cas être entreprise à la sauvette.