Depuis plusieurs décennies, la sociologie est régulièrement
accusée d'excuser la délinquance, le crime et le terrorisme, ou
même de justifier les incivilités et les échecs scolaires. À gauche
comme à droite, nombre d'éditorialistes et de responsables politiques
s'en prennent à une «culture de l'excuse» sociologique,
voire à un «sociologisme» qui serait devenu dominant.
Bernard Lahire démonte ici cette vulgate et son lot de
fantasmes et de contre-vérités. Il livre un plaidoyer lumineux
pour la sociologie et, plus généralement, pour les sciences qui
se donnent pour mission d'étudier avec rigueur le monde
social. Il rappelle que comprendre les déterminismes sociaux
et les formes de domination permet de rompre avec cette
vieille philosophie de la responsabilité qui a souvent pour effet
de légitimer les vainqueurs de la compétition sociale et de
reconduire certains mythes comme celui du self made man,
celui de la «méritocratie» ou celui du «génie» individuel.
Plus que la morale ou l'éducation civique, les sciences
sociales devraient se trouver au coeur de la formation du citoyen,
dès le plus jeune âge. En développant la prise de distance à
l'égard du monde social, elles pourraient contribuer à former
des citoyens qui seraient un peu plus sujets de leurs actions.