L'Europe est aujourd'hui, en Europe, la dernière utopie politiquement active.
Mais nul n'ignore qu'un malaise profond la touche actuellement. L'Union
Européenne n'est toujours pas reconnue pour ce qu'elle est car elle continue à
être perçue dans ce cadre archaïque qu'est l'horizon national. Le processus
d'européanisation atteint un seuil critique. Dans cette situation, les réformes
institutionnelles comme l'élaboration d'une constitution européenne ne suffisent
pas. Il faut aller beaucoup plus loin, et repenser l'Europe.
L'Europe a besoin d'une nouvelle identité combinant trois éléments : une dimension
narrative qui permette de comprendre les réalités contradictoires de l'européanisation
; une nouvelle vision politique, ainsi qu'un nouveau concept politique
d'intégration, ces deux derniers éléments devant trouver leurs fondements
dans la narration de l'européanisation.
Contre le mensonge national, contre le mensonge néolibéral, contre le mensonge
technocratique, et contre le mensonge eurocentré, ce livre se propose de repenser
de fond en comble le projet d'intégration européenne.
Ulrich Beck et Edgar Grande n'affirment pas que le processus d'intégration
européenne est allé trop loin, que nous avons déjà trop d'Europe. Bien au contraire,
leur diagnostic est le suivant : l'Europe n'est pas assez européenne. La thérapie
s'impose alors d'elle-même : il nous faut plus d'Europe - mais une Europe bien
comprise ! C'est-à-dire un Empire européen démocratique.