Paru en 1979 sous le titre The World of
Goods, pour la première fois disponible
en français, cet ouvrage d'une
des plus grandes anthropologues du
XXe siècle, disparue en 2007, et
co-écrit avec un économiste, fonde le
champ de l'anthropologie de la
consommation par le regard original
qu'il pose sur nos conduites de
consommation et les échanges marchands.
En s'interrogeant sur les
motifs qui nous poussent à désirer des
objets, à les acquérir, à dépenser ou
épargner, et plus largement sur notre
rapport à la consommation, il propose
une approche résolument inédite de la
façon dont les individus et les communautés
forgent et projettent des significations,
de la valeur, voire une
éthique, sur les «biens» de consommation.
En ce sens, l'achat apparaît
comme une modalité permettant aux
individus de déployer des rituels de
consommation qui donnent sens
tant à ce qu'ils sont qu'à ce qu'ils
font. Avec pour fonction essentielle
d'établir des systèmes complexes de
relations sociales, les biens de
consommation répondent à des logiques
et des catégories qui dessinent
des flux alors représentatifs de la
société dans laquelle ils prennent
formes. Loin d'être juste une façon
de se comporter qui se grefferait à
un modèle social existant, l'acte de
consommer appelle un modèle de vie
enserré dans un ensemble de pratiques
fortement socialisées.