Les rapports entre le texte, en tant qu'objet d'étude, et les instruments
d'analyse auxquels les critiques littéraires ont recours continuent de
faire question ; surtout au sein des institutions universitaires du Sud.
Les grilles d'analyse mobilisées par les chercheurs en littérature -
limitons-nous au cas d'espèce - sont conçues par les Occidentaux et
ne tiennent, en général, pas compte des variables philosophiques,
anthropologiques, politiques, économiques et sociales qui déterminent
la conjoncture culturelle africaine. Il y a, dès lors, un déphasage
déconcertant entre le modèle d'analyse convoqué et le cadre d'application.
Les oeillères de la critique occidentale imposent ainsi une sorte de
camisole de force au texte africain qui finit par perdre sa sensibilité
réelle, son énergie, et même sa sympathie sociale. Autant d'éléments qui
en constituent fondamentalement l'identité.
Les auteurs de cet ouvrage souscrivent à un effort soutenu de
théorisation qui, loin de viser l'exploration intégrale des textes négroafricains,
tient à ouvrir une brèche dans le sens de l'autonomisation
de la pensée en critique littéraire. Aussi prêchent-ils le glissement
productif de la sociocritique, dont il convient de capitaliser les atouts,
à la politocritique.