Pour une école qui aime le monde
Les leçons d'une comparaison France-Québec (1960-2012)
L'école du Québec aime le monde auquel elle prépare les élèves : une société moderne, démocratique, multi-
culturelle, solidaire. L'école française l'aime beaucoup moins, elle se raidit à beaucoup d'égards contre une
modernité jugée menaçante pour ses valeurs. Pourquoi cette différence ?
Au cours des années soixante, la commission Parent a proposé au Québec un récit global et positif sur l'école
et son rôle dans la société moderne. À la même époque, en France, le colloque d'Amiens a proposé un récit moins
ample et beaucoup plus ambivalent, même si, dans les deux cas, on réclamait une école moins rigide et plus ouverte.
Le premier récit persuadait que les évolutions proposées étaient bonnes, tandis que le second les présentait avec
autorité comme nécessaires.
Depuis, le gouvernement de l'école en France ne cesse de rejouer l'affrontement de la Réforme et de la Tradition, reste
englué dans le modèle que le colloque d'Amiens a échoué à remplacer. D'où des rapports enterrés, des semblants
de réforme, des dispositifs implantés puis retirés ou affadis, bref, un mauvais gouvernement, tandis que l'on constate au Québec une action moins contradictoire, moins heurtée, des consultations nombreuses, des évolutions qui ressemblent à des progrès : un bon gouvernement.
Cet ouvrage compare d'abord l'évolution de l'état de l'école en France et au Québec depuis 1960 (efficacité, équité,
bien être des élèves...), puis les deux récits proposés en France et au Québec dans les années soixante. Il compare
ensuite le gouvernement de l'école en France et au Québec (l'élaboration des politiques, leur contenu, leur mise en
oeuvre), reliant la qualité de l'école à la qualité de son gouvernement et celle-ci à la qualité du récit qui la fonde.