David Keith nous l’assure dans sa préface : il propose dans ce livre une vue synoptique de la géo-ingénierie solaire à l’intention des non-spécialistes.
Certes. Mais cette vue synoptique ne se cantonne pas aux seules dimensions « pratiques » du sujet, qui vont de la description du mécanisme et des techniques de « renvoi » des rayons solaires dans l’espace à l’évaluation des effets et risques potentiels d’une telle ingénierie, en passant par l’évocation de la puissance du dispositif – 1 tonne de matière réfléchissante permettrait de compenser pour moitié le réchauffement provoqué par l’émission d’1 million de tonnes de carbone – ou la présentation d’un possible scénario de développement et de mise en œuvre.
Derrière ces considérations, se dessine en effet assez rapidement la ligne de front qui démarque les deux camps irréductiblement opposés des environnementalistes et des progressistes, ceux pour qui science et technologie forment une planche de salut déjà maintes fois utilisée pour sauver l’homme... de lui-même et de ses inconséquences – et qui pourrait bien servir encore.
Les opposants à la géo-ingénierie jettent l’anathème sur cette « géo-clique » de mercantiles et dangereux apprentis-sorciers ? Ils refusent, d‘après Keith, ne serait-ce que d’envisager que la communauté scientifique étudie de manière sérieuse et approfondie les bienfaits qu’un tel traitement novateur pourrait apporter à une Terre en péril, avec son atmosphère saturée et son climat sans cesse plus vacillant ? Peu importe : s’il faut bousculer les dogmes dans l’espoir qu’en ouvrant de nouveaux champs à la recherche, l’humanité parvienne à réduire la chaleur reçue du soleil en même temps qu’elle continuerait de tenter de réduire l’effet de serre par la limitation des émissions de carbone et autres GES, David Keith n’hésite pas... Et si la sauvegarde de notre planète et de ses habitants était à ce prix ?