Pour une république des rêves parle de l'imaginaire des voyages. Avant même que nous parcourions les
paysages à la rencontre desquels nous projetons d'aller, il en rend possible la perception. Car, comme
l'écrit Gaston Bachelard, «avant d'être un spectacle conscient tout paysage est une expérience onirique».
En témoignent les récits que nous faisons ou ceux que nous écoutons, les photographies, les films, les
objets rapportés et les carnets. Tous, en effet, à des degrés divers, sont des concentrés de rêves et de
réalité. Le titre fait référence à une nouvelle, «La république des rêves», publiée par Bruno Schulz
dans son recueil Les Boutiques de cannelle. En racontant une excursion hors de son village, l'auteur
déroule peu à peu ses rêves et ceux de ses camarades enfants, désireux de créer une république où l'on
mènerait «une vie placée sous le signe de la poésie et de l'aventure». Devenus adultes, ils voient, un
jour, arriver au milieu d'eux un homme aux yeux incroyablement bleus qui proclame la république
des rêves. Ce «n'est pas un architecte, plutôt un metteur en scène, un régisseur de paysages et de décors
cosmiques. Son art consiste à saisir au vol les intentions de la nature, à lire dans ses aspirations secrètes».
Cet homme, à l'évidence, est un artiste, poète, voyageur et créateur de mondes où chacun est invité
«à continuer de construire, de créer» et à poursuivre à sa façon son propre rêve.
On comprend alors tout naturellement que ce livre accompagne une exposition au CRAC Alsace, dont
le parcours, comme le vent, en dessinant la carte instable des nuages, pourra surprendre mais aussi guider
les voyageurs-visiteurs.