Utilisées tant par les gestionnaires de l'industrie que par les administrateurs des États, les sciences humaines et sociales ont pris la forme de multiples enquêtes. Chacune d'entre elles donne lieu à des hypothèses et utilise des notions appropriées à son projet originel.
De ce fait, ces recherches peuvent difficilement être combinées ou synthétisées : les mêmes mots s'appliquent à des réalités différentes ; les disciplines s'ignorent les unes les autres ; les sociologues inventent une psychologie particulière à leur convenance ; les économistes ignorent les structures collectives ; et les psychologues ne discernent dans le donné que les affections du sujet individuel...
Il convient donc de restituer, par-delà la variété des langages et des méthodes, l'objet commun à toutes ces sciences. Et, par suite, de décrire, à tous les étages du système, les mouvements qui recomposent en permanence les figures du collectif. On pourra alors donner sens à ces phénomènes sociaux énormes, ignorés pourtant de la science officielle ou considérés comme négatifs : les grèves, les conflits, les colonisations, les révoltes, les guerres... L'enquête épistémologique menée avec rigueur oblige ainsi à restituer les aspects politiques de l'évolution planétaire, elle met au jour les profondes transformations qui altèrent obscurément la logique même de l'organisation capitaliste du monde.