À l’heure où le cheval s’invite dans les lasagnes, où les vaches deviennent folles en se nourrissant de leurs congénères, où les fruits et légumes sont pleins de pesticides, et où l’eau serait un nid de nitrates, les raisons de paniquer face à nos assiettes se multiplient.
Chez les plus anxieux, ou les plus radicaux, cette « peur au ventre » se transforme en une véritable terreur alimentaire qui génère des désordres, telle l’orthorexie.
L’orthorexique ne mange pas un fruit qui a été cueilli depuis plus de dix minutes ; il contrôle et trie en permanence son assiette ; il lit et relit les étiquettes par méfiance ; il refuse de manger ce qui n’a pas été préparé par ses soins et recherche constamment un idéal utopique de santé et de propreté. Progressivement, l’orthorexique finit par s’isoler du monde et des autres, tout en faisant le lit des marchands d’alicaments ou de pilules censées remplacer les vitamines qu’il refuse au naturel.
Dans un livre très documenté, Patrick Denoux dresse un état des lieux symptomatique de ce qu’il nomme une « névrose culturelle ».