Pourquoi la religion ?
Difficile, par les temps qui courent, de prononcer le mot « religion » sans que par association d'idées ne soit rappelée à notre bon souvenir la triste réalité de conflits humains, trop humains, dont l'hostilité mutuelle des confessions serait le fondement et que seuls le dialogue, le relativisme ou... la laïcisation pourraient modérer. Vive, en somme, une sorte de post-religion décantée de la fureur des origines...
Or, c'est bien là le pire, et le plus dangereux des contresens. Toute la force de ce livre est de nous rappeler, et de nous prouver l'évidence : « religion » est un mot qui n'admet pas de pluriel, pour autant qu'il désigne et ne peut que désigner l'effectivité d'une union qui doit embrasser l'humanité entière. L'humanité est une, l'Unique est Dieu ; l'humain transcende ses particularités en passant pacte avec l'Absolu : on a appelé cela l'Alliance.
Aussi, ne troquons pas les errements du présent contre une prise de distance plus grande encore envers cette évidence première, n'allons pas obérer l'appel divin à l'harmonie par la construction impossible d'une tour de Babel des conciliations artificielles. Ne plaçons pas d'espoir indu dans un quelconque comparatisme ; ce serait la meilleure manière d'oublier que les diverses confessions ne sont que les différents segments du chemin sinueux qui va des origines à l'accomplissement.
L'urgence est de retrouver la dynamique de cette marche en avant vers l'intégration à l'ultime vérité de toutes les variations qu'elle a pu connaître. La religion à venir, la religion totale sera celle d'une humanité réconciliée dans l'accueil de toutes les différences : on appelle cela le Royaume de Dieu.