On se souvient de la formule de Churchill :
«La démocratie est le pire des régimes, à
l'exception de tous les autres.» À l'évidence,
nous n'«aimons» pas la démocratie. Et
pourtant nous sommes tous démocrates...
Étrange procès en désamour que celui-là, dont la virulence
égale l'ancienneté : toute petite déjà, à Athènes, la
démocratie ne manquait pas de détracteurs...
Myriam Revault d'Allonnes s'interroge, non pas sur les
critiques ou les sarcasmes dont la démocratie est l'objet,
mais sur la nature de l'expérience démocratique,
travaillée par l'incertitude, le conflit, l'inachèvement,
inextricablement liée à ce qui s'oppose à elle et la menace.
Comment l'homme démocratique, confronté à cette existence
toujours problématique, ne serait-il pas en proie à
l'insatisfaction et à la déception permanentes ?
Cependant, si nous n'«aimons» pas la démocratie, pouvons-nous
ne pas la vouloir ? Car c'est bien l'expérience démocratique
qui fait de nous des sujets éthiques et politiques,
des citoyens qui ne veulent pas être ainsi gouvernés : «pas
comme ça, pas pour ça, pas par eux».