Ce brillant essai, prolongement de conférences données à l'université de Bologne
durant le printemps 2000, étudie les usages cognitifs du récit. Ce n'est donc pas
en tant que création littéraire et artistique que Jerome Bruner s'intéresse au récit,
mais bien en tant que mode de pensée permettant de mettre en forme l'expérience
humaine et de la transmettre comme culture, de donner du sens aux actions humaines,
de les valoriser comme modèles ou contre-modèles... Il prend au sérieux
les «histoires que nous racontons» et en explique les ressorts profonds.
Pour développer son analyse, il passe en revue trois domaines où les récits occupent
une place tout à fait centrale : la littérature (fiction et autobiographies), le droit et
la vie quotidienne. Il émaille son propos de références puisées dans le patrimoine
littéraire mondial et d'analyses de cas développées par la recherche en sciences
humaines. C'est la capacité à mobiliser des ressources savantes si différentes et à
les mettre en résonance qui impressionne ici le lecteur.
En interrogeant les formes et les usages du mode narratif, Bruner veut nous faire
prendre conscience des dimensions culturelles de nos discours sur le monde, sur
le passé ou l'avenir, sur les autres ou nous-mêmes. Il porte un nouveau regard,
stimulant et profond, sur notre condition d'êtres éminemment culturels.