Comment pouvons-nous accepter d'arrêter de fumer, de suivre un régime,
d'avoir une activité physique régulière, de prendre les médicaments qui
nous sont prescrits ?
Le but de ce livre est de décrire les mécanismes de l'observance thérapeutique,
dont l'Organisation Mondiale de la Santé dit que l'amélioration serait
plus bénéfique que n'importe quel progrès médical.
Cela revient à se demander comment nos croyances, nos désirs et nos émotions
interviennent dans nos choix. Il s'agit donc d'une investigation sur
la rationalité morale de l'observance qui fait appel aux concepts modernes
développés dans le cadre de la philosophie de l'esprit. En particulier, elle
tente d'expliquer comment nous pouvons choisir entre un plaisir immédiat
et une récompense lointaine : conserver sa santé. Elle conduit à postuler
qu'un tel choix «intertemporel» peut être orienté par un principe de prévoyance
qui nous incite, lorsque nous l'avons, à accepter de nous soigner,
nous enjoignant de donner la priorité à la vie.
Cette réflexion, au départ médicale, prend une signification plus large : elle
propose que l'observance, avantageuse d'un point de vue évolutionniste,
est apparue tardivement dans l'histoire de la vie. Son développement est devenu
non seulement possible, mais aussi nécessaire, du fait de l'émergence
de la rationalité dont elle serait l'aboutissement : l'observance représenterait
ainsi un trait essentiellement humain.