L'idée du cinéma comme «septième art», Art total, synthèse
des autres Arts, trouve son origine et ne se comprend
vraiment que par rapport à la philosophie kantienne de l'Art.
Cela peut sembler étonnant, mais c'est ce que fait apparaître
de façon frappante, sur plusieurs points importants, l'étude
du cinéma et de la manière dont les grands cinéastes et théoriciens
se le sont eux-mêmes souvent représenté. La dimension
philosophique, voire proprement métaphysique du cinéma (à
laquelle Deleuze a été sensible), même du cinéma le plus
simple et le plus modeste, est en même temps liée à ce qui fait
que le cinéma est un Art qui plaît tant populairement. Il y a
là de quoi soupçonner ou entrevoir l'importance culturelle,
sociale, morale et politique, peut-être, du cinéma le plus artistique
(indépendamment de toute utilisation du cinéma
comme moyen de propagande et d'influence idéologiques et
sociales).
Il n'est pas nécessaire d'être spécialiste de philosophie pour
lire l'ouvrage : tout ce qui est proprement philosophique y est
expliqué simplement. Jean-Yves chateau y montre à quelles
conditions le cinéma peut être un Art, où se révèle avec une
singulière clarté l'essence même de l'Art. En lui, sous des formes
diverses, il y va toujours du monde lui-même et de la possibilité
d'en faire un monde commun.