Pouvoir et politique pénale de la prison à la surveillance électronique
L'état d'une société se reflète, souvent, dans la manière qu'elle a de punir et de traiter ceux qu'elle condamne. Aussi pour savoir dans quelle société nous vivons, il convient de décrire la réalité de son système punitif. Cette interrogation est fondamentale pour comprendre la conception de l'humain qui sous-tend l'organisation pénale, donc sociale. Cela a d'autant plus de sens et d'importance que notre actualité, notre environnement quotidien, nos angoisses privées ne manquent pas de nous rappeler à notre condition carcérale commune.
À l'heure du surpeuplement des établissements pénitentiaires, du maintien à un haut niveau des condamnations pénales et du déploiement continu des nouvelles technologies de contrôle à distance, la société civile n'est plus en état d'échapper au dispositif d'hypersurveillance qui tend à la dévorer de l'intérieur et à ruiner les bases mêmes de son vivre-ensemble. Chacun de nous peut être concerné par l'emprise d'un système de surveillance et de pénalisation qui se répand dans l'ensemble des activités de la société. Cet essai analyse, décrit et évalue le régime du placement sous surveillance électronique et montre en quoi ce régime singulier se présente comme le paradigme pénal du processus d'ores et déjà en marche d'enfermement social et collectif. Il souligne comment le développement de la surveillance électronique contribue à l'extension de la mise en geôle du quotidien et conduit à une remise en cause radicale de notre conception de la démocratie et des principes de protection de la sphère individuelle.