Charles Sanders Peirce (1839-1914), philosophe, logicien, mathématicien et scientifique américain, est surtout connu comme le fondateur du pragmatisme (mouvement souvent associé au matérialisme, à l'empirisme et aux noms de William James et de John Dewey). Cette philosophie à part entière instaure une nouvelle médiation entre théorie et pratique, fondée sur une réévaluation du langage symbolique, de la sémiotique (ou théorie des signes), des catégories de la pensée, et de la métaphysique.
En dépit de son extraordinaire productivité, l'œuvre de Peirce se présente souvent de manière fragmentée. Avec Pragmatisme et pragmaticisme commence la publication française des principaux écrits de ce philosophe majeur, dont l'œuvre est indispensable pour comprendre l'évolution de philosophes européens ou «continentaux» comme Habermas et Apel aussi bien que celle des courants qui se rattachent à la philosophie analytique.
Les Œuvres veulent combler une lacune et présenter au public français un choix significatif des multiples facettes de la pensée de Peirce par ordre thématique et le plus souvent chronologique. Les résultats de la recherche en cours menée par l'édition américaine (Peirce Edition Project, Université d'Indiana) sont pris en compte, et l'édition s'appuie sur les manuscrits autographes (en donnant toujours les références).
Le volume I, Pragmatisme et pragmaticisme comporte deux parties : dans la première, un ensemble de textes retrace, par ordre chronologique, l'élaboration progressive du pragmatisme peircien depuis les années 1868 jusqu'à la formulation de la «maxime pragmatiste» dans les articles de 1878-1879. Dans une seconde partie, les sept conférences prononcées en 1903 à Harvard permettent de saisir l'unité mais aussi la grande complexité et la spécificité de la version «pragmaticiste» proposée par Peirce du pragmatisme.