Les échanges qu'on va lire, et bien plus encore
les événements qui les ont provoqués et ceux
qui y sont évoqués, nous font violence, à l'un,
historien, comme à l'autre, écrivain, peu enclins
par nature à parler d'actualité.
Il nous a pourtant été nécessaire de les coucher
sur le papier, non pour commenter, énoncer
ou juger, mais pour faire état de cet état d'esprit
qui nous a envahis brusquement au fil de ces
journées qui ont, non pas changé la donne,
mais tranché les positions. C'est cela, le point
commun de nos métiers : livrer des récits, parler
après que la mort est passée. Ce récit-là est une
contribution, avant que l'histoire ne se fige
et que les pages se tournent. Nous souhaitons
qu'il soit débattu, repris, démenti, en un mot
qu'il vive bien au-delà de nous et ne reste pas
sur le carreau comme les dix-sept corps
assassinés et les trois corps assassins, à Paris,
en janvier 2015.