Prêtres soldats dans la Grande Guerre
Les clercs hourbonnais sous les drapeaux
Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, les relations, en France, entre l'Église
catholique et l'État sont encore très tendues. Certes, « l'Union sacrée », proclamée
par le gouvernement dès le début du conflit, met ces tensions en veilleuse, mais,
à plusieurs reprises, elles vont resurgir au cours des quatre années de guerre.
Loin des polémiques de l'époque, les lettres adressées par plus de 130 prêtres et
séminaristes du Bourbonnais à l'abbé Giraud, supérieur du séminaire de Moulins,
font revivre les réalités de terrain, dans la variété des affectations, même si elles
ressortent très majoritairement du service de santé. Comment les clercs sont-
ils insérés dans le conflit, comment partagent-ils son déroulement, comment
vivent-ils la fréquentation quotidienne de leurs compatriotes dont leur éducation
cléricale les séparait ? Quel regard de foi vont-ils poser sur cette violence qui
heurte profondément leur sensibilité religieuse ? Comment vont-ils se donner des
moyens pour la vie spirituelle, la leur et celle des soldats avec lesquels ils vivent ?
Enfin, comment leur spiritualité est-elle influencée par ces années de souffrance
qui les marqueront à jamais ? Telles sont les questions auxquelles ces lettres
permettent d'apporter des réponses.
Dans le contexte du centenaire de la guerre, l'analyse de cette correspondance
reflète le regard religieux que le clergé catholique a porté sur cet événement, qui,
comme on le sait, a marqué le point dé départ d'un vrai ralliement de l'Église
catholique à la République.