Primauté du vivant
La Modernité occidentale est née de l'affirmation que la nature se réduisait à un agrégat mécanique de particules inertes, auquel les êtres humains étaient par nature et par destinée étrangers, puisque seuls au monde capables de penser. Quelques siècles plus tard, les pratiques toujours plus nocives entraînées par un tel dualisme hommes/nature nous placent face à la réalité de catastrophes « naturelles » hors normes, de chocs phénoménaux et d'effondrements successifs, aussi bien du vivant que du sens : l'essor impulsé par le mécanicisme moderne a fini par susciter les conditions de son propre dépassement, en rendant insoutenables ses conséquences environnementales et sociétales.
En retraçant ce retournement, cet ouvrage montre comment notre époque commence à comprendre à la fois que le vivant est un tout, et que ce tout pense - car la pensée habite effectivement l'ensemble du vivant, depuis les animaux jusqu'aux végétaux en passant par le minéral : alors que l'on a cherché à réduire la pensée et le pensable aux seules représentations subjectives humaines, ils ne cessent d'affleurer de toutes parts.
Explorant l'idée que la pensée est indissociable du vivant et en en cherchant de premiers indices chez des philosophes tels que Spinoza, Nietzsche et Bergson, Dominique Bourg et Sophie Swaton posent les fondements d'une philosophie de l'écologie indispensable au réenchantement du monde monde.