Le 24 novembre 2009, le Parlement français a voté une loi pénitentiaire présentée par la Garde des Sceaux comme la « source essentielle d’un droit pénitentiaire clarifié, modernisé, en phase avec les attentes de notre démocratie ». En faisant de l’individualisation des peines et de la lutte contre la récidive les deux piliers du service public pénitentiaire, cette loi était censée poser les jalons de la modernisation tant attendue des conditions de détention.
Et pourtant... La France essuie toujours de sévères critiques sur l’état de délabrement de son parc pénitentiaire. Le nombre de suicides en détention se maintient à un niveau élevé. Les condamnations de personnes souffrant de pathologies psychiatriques avérées ne fléchissent pas. La construction de nouvelles prisons se poursuit, les peines s’allongent et continuent de punir les plus pauvres. Le credo des promoteurs de ce système tient en une phrase : il faut protéger la société contre les dangers représentés par certains de ses éléments.
Et pourtant... Par-delà ses réformes successives, la prison ne change pas : c’est une cocotte-minute, travaillée de l’intérieur par des logiques paradoxales qui lui donnent le visage intemporel d’un lieu a-démocratique. La prison n’est ni un instrument de défense sociale, ni un outil de réhabilitation : elle est l’un et l’autre à la fois, porteuse d’une mission paradoxale, contenir et réinsérer, maintenir sous écrou et faire émerger un projet post-carcéral. Les tensions sont constitutives de l’institution carcérale : elles en forment l’armature quotidienne et le fondement politique.
C’est munis de cette grille de lecture que onze contributeurs, sociologues, juristes et politistes, livrent ici le fruit de recherches empiriques originales.