Promenades
« Mag, je dis, notre vie tombe en poudre Regarder encore vos croquis les photos de vos trois fils la vue qu'on a nos vieilleries je pars, Mag, et j'ai ouvert la porte », dit Bob à Pat.
« Marchons jusqu'au canal voir les lumières sur l'eau la nuit c'est joli », dit un peu plus tard Pat à Bob.
En revisitant les genres, Noëlle Renaude emmène lecteurs et spectateurs en Promenades. De la balade dans les bois à l'errance sentimentale, des êtres naviguent à vue entre les aléas de l'existence pendant que l'auteur explore de nouveaux territoires littéraires. Si on voit de sages lacs, des cygnes amicaux et des forêts paisibles, l'univers de Renaude est loin d'être lisse et propret. Attention aux aspérités en arrière-plan : des vies déversées audessus des balcons, des grosses familles ingurgitant de gros repas ou des amours lentement dépeuplées.
Grignotant le temps, multipliant les lieux et les cadres et jonglant avec la typographie, l'auteur tord le langage et l'histoire, leur fait rendre gorge, crier gare,pour inventer de nouvelles formes dramatiques à la théâtralité exacerbée. En imbriquant les situations comme autant de petits riens, Renaude propose à la scène et au fauteuil un tout ludique et jouissif.