La précédente édition de cet ouvrage, en
1978, avait rendu à Flora Tristan, après une
longue éclipse, la notoriété qui aurait toujours
dû être la sienne : celle d'une figure, passionnée
et passionnante, de pionnière de la libération
des femmes et de championne d'un socialisme
émancipateur et fraternel - ce socialisme
qu'on a baptisé bien à tort «utopique».
Fascinée par le spectacle de l'Angleterre de la
première révolution industrielle, que résume
la capitale britannique, Londres la «ville
monstre», foyer du capitalisme et du
paupérisme, Flora Tristan en a donné dans ses
Promenades dans Londres (première édition en
1840, revue en 1842) un tableau puissamment
évocateur. Mais, en même temps, elle porte
son regard sur le monde des marginaux et
des exclus : délinquants, malades mentaux,
prostituées, ce qui nous vaut des chapitres
foisonnant de vie sur les prisons, les asiles, les
maisons de plaisir, les taudis. Bref, un livre
étonnamment moderne et proche en dépit du
décalage chronologique.
Grâce à cette édition, présentée et commentée
par François Bédarida, auteur de L'Angleterre
triomphante 1832-1914 (1974), L'Ère victorienne
(1974), La Société anglaise 1851-1975 (1976),
Churchill (1999), une oeuvre majeure de Flora
Tristan se trouve à nouveau accessible, et le
lecteur pourra en apprécier aussi bien la valeur
de description du premier capitalisme industriel
que le frémissement militant au service de
l'émancipation des prolétaires et des femmes.