Le 25 février 1848, les onze membres du Gouvernement
provisoire prennent la décision, à l'Hôtel de Ville de Paris,
d'abolir l'esclavage. Le décret, finalement signé le 27 avril,
libère tous les esclaves détenus dans les colonies françaises.
Les maîtres, eux, qui sont-ils ? Une liste de procès qui leur sont
intentés pour sévices illégaux sur leurs esclaves nous révèle,
dans cet ouvrage, quelques-uns de ces propriétaires békés de
la Martinique.
Une loi de 1849 a alloué aux «colons dépossédés» une
indemnité pour compenser l'émancipation de leurs esclaves.
Une loi connue, direz-vous. Sauf qu'on passe trop souvent sous
silence que ces colons, propriétaires d'hommes, de femmes et
d'enfants, ont continué à vivre confortablement dans les colonies.
Ils maintiennent et renforcent leur domination économique en
bénéficiant des avantages octroyés par la création des banques
coloniales. Certains d'entre eux quittent les colonies pour vivre
de leurs rentes, beaucoup investissent dans les usines centrales
et la production sucrière, plus tard dans la banane et dans les
grandes surfaces commerciales.
Après la Guadeloupe, Oruno D. Lara et Inez Fisher-Blanchet
ont entrepris d'inventorier les propriétaires
d'esclaves de Martinique, Guyane, Sénégal et de la colonie
suédoise de Saint-Barthélemy. Dans cette île, où l'abolition de
l'esclavage a lieu le 9 octobre 1847, les auteurs ont dressé une
liste de nouveaux libres qui s'ajoute à celle des maîtres. Une
nomenclature de Nègres qui infirme le mythe d'une île de
Saint-Barthélemy «blanche».