Nous avons perdu Abdelwahab Meddeb en novembre 2014. En octobre avait pu paraître son beau Portrait du poète en soufi, que je lui apportai à l'hôpital. Le 26 novembre, une grande Veillée honorait son oeuvre et son nom à l'Institut du Monde Axabe. J'y lus Prose du suaire.
Le lendemain je me pris à désirer que ce poème paraisse traduit d'entrée de publication en une vingtaine de langues ; et donc parmi ses traductions... comme l'une d'elles ! Un tour de Babel en vingt poèmes de ce monde, transférant à dos de pages peut-être une même chose (laquelle ?) dans, et grâce à, l'exode, la dispersion.
Prose est le nom d'un poème qui fait allusion à une forme liturgique médiévale de l'hymne. Voile et suaire sont les reliques évangéliques dont hérite notre Histoire non sainte, pour conserver et transformer la figuration (configuration, transfiguration).