Le champ de la protection de l'enfance et de la jeunesse offre un terrain privilégié aux paniques morales : un « fait divers » embrase l'opinion publique, suscite l'effroi, provoque l'indignation collective au nom de la norme en vigueur, pointe le coupable idéal, avant de provoquer un nouvel agencement politique. Partant de l'exceptionnel, la panique morale n'est pas une émotion fugace, elle suscite une altération durable des représentations culturelles et des rapports sociaux.
Au travers de quelques épisodes de « paniques morales » qui ont contribué à orienter les choix politiquesen matière de protection de la jeunesse, ce livre documente l'évolution de la sensibilité sociale à l'égard déviances sexuelles dont les jeunes sont victimes ou coupables depuis la fin du XIXe siècle. L'analyse porte sur les acteurs (justice, experts, intervenants sociaux, entrepreneurs de morale, médias, victimes, accusés), et sur les étapes du processus allant de la constitution d'un problème social, au fil d'une émotion populaire, à la prise en charge politique de ce problème.