La création romanesque de Proust, écrit l'auteur, s'appuie sur deux formes essentielles, le je et le Temps. La première unifie les perspectives du récit, soumet les héros à un point de vue central ; la seconde contrôle le déroulement du roman, l'histoire de la vocation du narrateur et la vie des personnages. Ce sont les deux formes de la sensibilité du romancier, son esthétique transcendantale.
C'est ainsi que se succèdent, dans une composition savante qui n'est pas sans évoquer le roman proustien, le côté du je - des problèmes du narrateur à la peinture des personnages - et le côté du Temps - de l'étude du romanesque à celle des techniques du récit -, tandis qu'une analyse charnière concerne l'architecture de l'œuvre, le je reconstruisant le Temps pour qu'il soit saisi comme l'espace d'un mouvement, et qu'une analyse finale, "Du roman des lois au roman poétique", montre comment, de la phrase jusqu'au récit, une même figure, celle de la métaphore, confère à l'œuvre une forme, la forme de sa forme, qui est aussi un rythme.
L'ambition de cette étude, calquée par méthode, non par mimétisme, sur son objet, ne se borne pas au dénombrement savant, à la classification érudite, au simple répertoire des effets et de leurs causes. Il s'agit ici d'une vaste réinterprétation de la Recherche, considérée - enfin ! - comme un roman.