La peau ne représente pas seulement la limite du corps et de
l'espace psychique d'un individu, elle est aussi une surface de deux
mètres carrés environ sur laquelle s'expriment émotions, mouvements
pulsionnels, affects, pensées, et où apparaissent les traces
laissées par le temps, les cicatrices de traumatismes anciens, les
marques d'appartenance à un sexe, à un groupe social, l'inscription
dans une filiation...
Les personnes évoquées dans cet ouvrage ont quitté une peau
familière pour une peau malmenée, étrangère, parfois même marquée
du sceau de la monstruosité. Dermatoses diverses, pathomimies,
greffe d'un organe vital, machine implantée sous la peau
(défibrillateur), rein artificiel, les ont entraînées dans une traversée
périlleuse où, à tout moment, elles risquaient de perdre un peu
de leur humanité, voire leur vie. Heureuses celles qui, grâce à la
rencontre avec des soignants du corps, des psychiatres et des psychanalystes,
ont pu sauver leur peau en acquérant une vie somatique
et psychique de meilleure qualité.
À travers de nombreux cas cliniques, cet ouvrage montre
combien dans la peau, à la limite du sujet, se mêlent le familier et
l'étranger, se rencontrent l'humain et l'inhumain, s'affrontent la vie
et la mort.