Ce livre traite de l’importance de la psychologie, et surtout de l'inter-psychologie en économie politique. Après avoir exploré (dans le tome 1) les phénomènes de la vie économique sous l'aspect des répétitions qu'ils impliquent, ils sont ici étudiés au point de vue de leurs oppositions. C'est un vaste sujet, confusément traité par les économistes à propos de la concurrence, et à propos des crises et des grèves, où l'idée de lutte se montre à nu. Il importe, avant tout, de soumettre ce nouveau domaine à une analyse exacte et complète.
« Ce qui s'oppose, ce ne sont jamais des états, ce sont des forces et des actions ; ou du moins les états ne sont opposables qu'à raison des forces et des actions qui les ont produits. Quand il s'agit d'oppositions sociales, dont les oppositions économiques font partie, cela signifie ‐ puisque le social n'est que du psychologique multiplié et mutualisé ‐ que les termes opposés économiquement sont toujours, au fond, non des états d'âme, mais des actes d'âme, c'est-à-dire des affirmations affrontées à des négations ou des désirs affrontés à des aversions, des volitions à des nolitions. Ajoutons que l'idée d'opposition est plus compréhensive que celle de lutte. La lutte suppose que les termes opposés sont coexistants ; mais ils peuvent être successifs, et, dans ce cas, leur opposition constitue un rythme.
Cela dit, remarquons que les reproductions de richesses, qui sont des actions procédant a la fois de désirs et de jugements, peuvent s'opposer entre elles soit par les propositions soit surtout par les desseins qu'elles impliquent ; que les consommations, actions d'un autre genre, impliquant aussi des jugements et des buts, peuvent s'opposer entre elles de ces deux manières ; et enfin que les reproductions peuvent s'opposer aux consommations sous ces deux mêmes points de vue, qu'il conviendra toutefois de confondre le plus souvent, pour ne pas compliquer les questions. Il y a aussi à traiter des oppositions monétaires, financières, où se reflètent et se combinent les précédentes, parvenues à un degré supérieur d'élaboration dans les conflits de la spéculation et des jeux de Bourse. Nous voyons ainsi réapparaître, sous un autre angle, les distinctions qui nous ont déjà servi à embrasser tout le champ de la répétition économique. Celle‐ci nous a paru ne pouvoir être étudiée en entier que si l'on y distingue les activités reproductives (le travail), les activités consommatrices (les besoins exprimés par les budgets), et les signes représentatifs du rapport des produits aux besoins (la monnaie)... »