Lorsque Freud a révisé sa conception des pulsions, l'ombre de
la mort et la menace du génocide biologique et culturel planaient sur
sa vie : comme le début du XXe siècle, notre époque est marquée par
un lourd trauma géopolitique et par des modifications affectant les
pratiques (et les représentations) technologiques, sexuelles et épistémiques.
Ce livre défend l'intérêt qu'il y a à renouer avec la théorie freudienne
des pulsions à travers une palette d'oeuvres allant du cinéma et
de la littérature à la métapsychologie et aux études culturelles. Après
avoir présenté les configurations successives de la pulsion chez Freud
sous la forme d'un guide, «illustré» avec des références aux films
populaires, Teresa de Lauretis examine deux exemples de contestation
philosophico-politique : la critique foucaldienne de la «poussée rétive»
chez Freud, qui a servi de fondement à la notion de construction sociale,
et la critique par Laplanche du biologisme de Freud. Les deux derniers
chapitres tracent l'inscription figurale de la pulsion de mort à travers
une lecture serrée du roman éminemment moderne de Djuna Barnes :
Le Bois de la nuit (1936), et du film postmoderne de David Cronenberg :
eXistenZ (1999).