La fiction ne se contient plus. J'ignore si jadis elle acceptait plus aisément de rester où d'autres la posaient, entre art et légende. Je sais juste qu'aujourd'hui elle s'évade volontiers de ses lieux privilégiés. Elle se multiplie et même se dissipe jusque dans l'intime expérience de nos vies, avec une volatilité saisissante. Du coup, l'anxiété affabule ; les fantasmes mondialement communiquent ; les mémoires deviennent virtuelles ; à la nostalgie des images répondent les cerveaux des hommes voyageurs ; ce qui va m'arriver, je l'ai déjà vu dans un film. Notre contemporain serait cette ère que saturent de pures fictions éprouvées partout, par nous, sans cesse. Du moins est-ce le mythe qu'explore ce livre, à la fois recueil de nouvelles spéculatives, autobiographie par théorie, et feint traité du temps présent.