Le monde de la forêt connaît manifestement de profondes
mutations : les usages et les usagers se diversifient, la durabilité
s'impose à la productivité. C'est par conséquent de nouvelles
méthodes de gestion qui doivent être mises en place. Tant en
Belgique, en France qu'au Grand-duché de Luxembourg, les gestionnaires
des forêts publiques sont confrontés à une incertitude
forte sur ce qui constitue une bonne gestion : les forestiers n'ont
plus le monopole de la formulation des objectifs et des problèmes
et c'est une large part à l'indécidable que l'on observe. Or,
à la croisée des chemins, ce groupe gestionnaire est amené à
adopter de nouvelles pratiques, à rénover ses représentations et à
modifier ses modes de relations.
Les gestionnaires forestiers réfléchissent sur eux-mêmes, sur
le moyen de mesurer leurs activités mais aussi de se mesurer aux
autres : dans ces trois pays, ce sont ainsi des indicateurs qui
émergent des unités de base. Solutions de gestion, ces indicateurs
ne sont pourtant pas que des instruments à visée d'efficacité et de
prescription des comportements. Ils servent aussi d'étendards au
moyen desquels les acteurs cherchent à convaincre de la légitimité
d'une nouvelle manière de penser, d'entrer en relation et de
décider, en somme de gérer.