« Quelques Américains ont essaye de comprendre le désert, note Edward Abbey dans son chef-d'oeuvre Désert solitaire, des personnages obscurs tel que le jeune Everett Ruess, l'auteur de On Desert Trails, qui disparut à l'âge de vingt ans dans la région des canyons du sud de l'Utah, ne jamais en revenir. Cela remonte aux années 1930 : on a retrouvé ses mules, une partie de ses affaires, mais pas le jeune homme lui-même. Pour autant qu'on le sache, il est toujours là-bas quelque part, à vivre de figues de Barbarie et d'oignons sauvages en communiant avec les dieux du fleuve, du canyon et de la falaise. »
Pister les passages du vent, toucher l'ocre-rouge des canyons, vivre éveillé son rêve... Everett Ruess (1914-1934), c'est la quête de l'absolu ou rien, le contact le plus immédiat, le plus physique, le contact animal avec un monde sauvage. En bref l'intime pratique du désert en Arizona et Utah, quatre années d'errance avant de disparaître sans retour.
« Celui qui a longtemps contemplé la beauté nue peut ne jamais revenir dans le monde, et même s'il essaie, il trouvera son activité aussi vide que vaine, et les relations humaines futiles et sans but Seul et perdu, il doit mourir sur l'autel de la beauté. »