« Pourquoi l'Allemagne ? » m'avait demandé Jacques Chirac lorsqu'il avait eu connaissance de mon voeu d'affectation. « Vous ne souhaiteriez pas plutôt retourner en Chine ? Vous y seriez certainement plus heureux ! » Et il avait ajouté, d'un air un peu désabusé : « Vous savez, les Allemands, en ce moment, ils ne sont pas faciles ! »
Né dans les derniers jours de la guerre, Claude Martin n'a cessé de s'intéresser à l'Allemagne, de l'observer, de chercher à la comprendre. Il a étudié sa langue, sa littérature. Il a choisi d'entrer au Quai d'Orsay pour travailler avec elle à la constitution d'une Communauté qui rendrait nos pays plus solidaires. Pendant trois décennies, il a participé ainsi à toutes les négociations européennes dans lesquelles le « moteur franco-allemand » a permis à l'Europe d'avancer. Jusqu'à ce jour de 1997 où l'Union Européenne paraît définitivement bloquée, incapable de se réformer, alors que treize nouveaux candidats frappent à sa porte.
Claude Martin est alors nommé ambassadeur à Berlin, où il restera neuf ans. Dans la nouvelle capitale de l'Allemagne réunifiée, sa mission prioritaire : aider à reconstituer un « couple » franco-allemand solide. Après de violents affrontements, les dirigeants des deux pays trouvent le chemin de l'entente. L'intervention américaine en Irak, qu'ils refusent l'un et l'autre, les rapprochent. C'est « l'embellie franco-allemande », que l'ambassadeur s'efforce de consolider en parcourant inlassablement le pays et en rencontrant toutes les personnalités marquantes du monde politique. Parmi celles-ci, il distingue très vite la jeune Angela Merkel, dont il suit pas à pas l'ascension. Une longue page d'Histoire, une galerie de portraits, un récit haletant, conduit avec la vivacité et l'élégance de plume qui ont fait le succès du premier ouvrage de Claude Martin, couronné par quatre prix littéraires.