À l'encontre des poncifs libéraux faisant du fascisme une impulsion antisociale qui se manifesterait lorsque la vigilance démocratique se relâche, Horkheimer a pu situer le fascisme non pas à l'extérieur de la démocratie mais l'interpréter comme partie intégrante de la société capitaliste : « celui qui ne veut pas parler du capitalisme doit aussi se taire sur le fascisme ». Roswitha Scholz et Robert Kurz se lancent ici dans un grand chantier théorique autour du contexte systémique commun à la démocratie et au fascisme ; ils montrent que ce sont les moments distincts d'un même processus historique d'imposition de la « socialisation par la valeur », c'est-à-dire des formes de la marchandise, de l'argent et du capital, entre des nations pleinement intégrées et des nations à la traîne sur le marché mondial.
Le nouvel extrémisme de droite n'a cependant plus rien à voir avec les fascismes historiques de la phase d'ascension du capitalisme et constitue un phénomène qualitativement nouveau. Oblitéré de sa capacité à former un projet social et politique global, il est la manifestation de la dissolution de la démocratie, de l'approfondissement de la crise structurelle et témoigne du fait que nous vivons dans une société sans avenir. Le citoyen qui s'accroche à la défense démocratique des libertés économiques doit désormais vivre avec son frère « néo-fasciste » qui veut s'imposer dans le même champ concurrentiel en utilisant toutes les armes possibles, y compris les armes à feu.