L'exploration de la nature humaine conduite par les écrivains complète-t-elle la doctrine juridique ? L'inverse est-il valable ?
En France, le dialogue entre le droit et les lettres existe depuis la grande période de l'humanisme juridique qui a marqué le XVIe siècle. Aujourd'hui, plus que jamais, le mouvement droit et littérature a le vent en poupe : colloques, livres spécialisés, revues et thèses prolifèrent et mettent en avant les travaux d'écrivains impliqués dans des questions juridiques. Ce développement est tel que de nombreuses facultés de droit intègrent désormais aux cursus des Licences et des Masters des enseignements en droit et littérature, et que des doubles Licences se créent.
Les deux disciplines, droit et littérature, se rejoignent sur des préoccupations communes : comment « fonctionne » un texte ? Quelles sont les modalités de la fiction ? C'est autour de ces questionnements que cet ouvrage, conçu par Gil Charbonnier et Franck Petit - respectivement professeur de littérature et professeur de droit - revêt un accent nouveau. Autour d'une trentaine d'oeuvres allant des années 1910 à nos jours, les auteurs démontrent que le droit n'est pas saisi au seul prisme des fonctions informative et référentielle du texte littéraire, il est confronté à la spécificité de l'oeuvre qui perd le lecteur dans le labyrinthe du style et du sens.
Le but de l'écrivain, c'est d'abord la création et, dans le cas présent, la littérature (ré)invente le droit.