Dans la première moitié du xxe siècle l’Union des Industries Métallurgiques et Minières devient la plus puissante des organisations patronales de France. Comment comprendre et estimer justement la réalité de cette Union sans connaître les années clefs qui en sont la véritable genèse ? S’appuyant principalement sur des archives patronales, cet ouvrage retrace l’essor, analyse l’organisation interne et étudie l’adaptation aux mutations économiques, sociales et politiques ainsi qu’aux bouleversements engendrés par les deux guerres mondiales. L’UIMM s’impose dans les diverses institutions de la République, participe à la régulation du marché du travail, à la construction de la législation et du cadre institutionnel, à l’évolution des relations professionnelles. La Grande Guerre l’incite à abandonner ses fonctions économiques et à s’ouvrir à une nouvelle conscience du social. En 1940, l’Union, devenue indispensable, est épargnée par la dissolution imposée par le régime de Vichy. Elle soutient l’application de la Charte du travail tant que celle-ci ne remet pas en cause la liberté d’action des employeurs. À la Libération, les métallurgistes jouent un rôle essentiel dans la recomposition du mouvement patronal. La réflexion sur la politique patronale, entamée par un groupe de dirigeants dans les années 1930, conduit à une approche nouvelle des relations professionnelles et d’une économie concertée qui n’exclut cependant pas les conflits. Empruntant des méthodes et des outils aux autres sciences sociales, cette recherche historique permet d’appréhender, à travers le cas de l’UIMM, la constitution et la transformation du modèle social français contemporain et éclaire le fonctionnement de l’État républicain