Quand les socialistes français se souviennent de leurs guerres
Mémoire et identité (1944-1995)
Pourquoi la mémoire est-elle au coeur de l'identité des socialistes ? Et comment participent-ils à la mémoire collective des Français au second XXe siècle ? Cultiver le souvenir de leurs guerres, tant celles où ils ont combattu en patriotes que celles où ils ont défendu leur idéal, ne flatte pas toujours leur narcissisme et relève parfois du masochisme. Si la Révolution française, la Commune, le Front populaire et la Résistance sont des lieux de mémoire qu'ils chérissent, la guerre d'Espagne leur laisse un goût amer, et l'Algérie un sentiment de honte qui les disperse en 1958. François Mitterrand, qui a toujours su recomposer son propre passé, fait le tri dans leurs mémoires à partir de 1971. Héroïsant les uns - Jaurès et Blum - bannissant les autres - Paul Faure et Guy Mollet - il homogénéise le parti d'Épinay et en fait un instrument de conquête. Alors pourquoi, après mai 1981, les nouvelles générations ne peuvent-elles comprendre sa politique mémorielle ?
Jouant sur les échelles, ce livre confronte la mémoire de la direction du PS avec celles de ses fédérations, municipalités et territoires. Pour la première fois, il saisit un processus majeur d'acculturation des militants au socialisme en étudiant leurs commémorations, leurs symboles, les monuments et toponymes qu'ils ont durablement inscrits dans nos paysages. En comparant enfin les pratiques mémorielles des socialistes avec celles de leurs adversaires communistes et gaullistes, cet ouvrage éclaire d'un jour nouveau notre mémoire d'après-guerre.