La littérature de jeunesse est ainsi : pour les uns
un bouquet de fleurs et pour les autres, inutile.
Depuis toujours, elle se complait dans
cette interrogation persistante, insignifiante
et inféconde : écrit-on pour les enfants ?
Elle résonne alors inlassablement de mille
polémiques quant à sa qualité, son statut,
sa fonction. Faut-il l'interdire, la remettre
à l'ordre, l'«éduquer» ?
Contre les voix qui s'élèvent pour l'éreinter,
souvent sans la connaître, Patrick Ben Soussan
fait l'éloge de cette singulière faculté
de la littérature de jeunesse : offrir aux enfants
des occasions de penser, de rêver, de rire et
de pleurer, d'aimer, de comprendre, de partager,
de rencontrer, au plus vrai, le sensible, l'affecté,
le réel et le rêve, de s'échapper et de se retrouver.
C'est cela aussi qu'apporte la littérature
de jeunesse à ceux qui ne sont plus des enfants,
des retrouvailles, non pas avec leur enfance,
perdue, inaliénable, mais avec des parts
d'eux-mêmes, étranges et étrangères parfois,
qu'elle leur révèle, à leur insu.