De ses débuts en poésie, en 1976, à sa mort en 1989, Paulo Leminski n'a cessé d'occuper une zone frontière unique dans la poésie contemporaine brésilienne. Ou plutôt : lui-même incarna cette frontière où l'érudit et le pop, l'ultraconcentré et la matière la plus prosaïque transitaient, légalement ou par contrebande. Cette poésie facétieuse et apparemment décontractée est volontiers provocatrice sans jamais être agressive ni présomptueuse. Son effet sidérant, qui tient à l'ouverture d'espaces mentaux et émotionnels inattendus, est inversement proportionnel à l'extrême brièveté de l'expression (nombre de poèmes n'excèdent pas dix mots).