«Vous vivez, hurle une voix qui sort de Jan, vous vivez
mais moi la terre ne me soutient plus, quelque chose
m'entraîne vers le bas, dans un abîme, pour que je n'existe plus,
pour que je sois aussi mort que la tête enveloppée dans du
plastique de l'homme allongé sur la moquette rouge bifteck
de mon appartement, comme s'il était moi...»
Parvenu «au milieu du chemin de sa vie», Jan Jonas
a trente-cinq ans et, autour de lui, la fin du monde semble
s'annoncer : c'est de nouveau la guerre sur une ville allemande
d'aujourd'hui. Un déluge va noyer la terre pendant quarante
jours. Qui recréera la vie à neuf ?
Sur un canevas de références bibliques subtilement brouillées
et subverties, Thomas Jonigk a bâti ce roman violent et drôle,
parodie de roman policier, de film érotique, de roman
picaresque ou de conte de fées. Faisant de son héros tour
à tour un nouveau Noé, un nouveau Cham (le fils indigne
qui se moque de la nudité de son père), un nouveau Jonas,
le romancier l'amène peu à peu à échapper aux stéréotypes et
aux automatismes dans lesquels il s'enlisait. Pour finir, Jan
montera dans l'Arche en compagnie de Face-de-Grenouille,
la jeune fille laide qu'il s'est mis à aimer et qui lui montre
enfin le visage de l'humanité qu'il avait toujours ignorée.